Un appareil – le Kodak Instamatic 500

Il est des expériences photographiques qui sont devenues si rares qu’elles appellent obligatoirement à être partagées. L’utilisation d’un appareil comme le Kodak Instamatic 500 en fait partie.

Pas d’aventure passionnante cette fois-ci concernant sa découverte. Sa réputation le précède, et je l’avais déjà évoqué il y a un an dans mon article 5 appareils vintage pour bien commencer votre collection (toujours d’actualité !). Mon spécimen m’a été généreusement offert par un visiteur du forum collection-appareils.fr.

Présentation

Le Kodak Instamatic 500 est donc un appareil qui adopte la compacité de la gamme Instamatic : 12,7cm de large pour 7cm de haut, et une épaisseur variant de 5cm avec l’objectif rentré, à 6cm lorsque ce dernier est déplié.

Sommet de la gamme fabriqué de 1963 (date de fabrication de mon spécimen si l’on en croit le numéro de série) à 1966, il est équipé d’un lumineux objectif Schneider Kreuznach Xenar 38mm f/2.8. Il s’agit d’une optique de type Tessar à 4 lentilles en 3 groupes qui, on le verra un peu plus tard, donne de très bons résultats en couleur.

Son obturateur est également très performant puisqu’il permet de monter au 1/500ème de seconde. Pas de vitesse lente sous les 1/30ème, mais une pose B.

La mise au point est manuelle et permet de se rapprocher aussi près que 70cm du sujet à photographier. Malheureusement, pas de télémètre intégré ni de visée reflex, il vous faudra estimer les distances.

Ce manque est largement rattrapé par l’ajout d’une cellule couplée à l’obturateur et au diaphragme, et pas n’importe laquelle car il s’agit d’un posemètre Gossen, arborant fièrement son patronyme sur la façade avant. Mais attention, vous ne trouverez pas sur l’Instamatic 500 de sélecteur de sensibilité.

Le viseur très clair affiche des repères de correction de parallaxe, ainsi que l’aiguille du posemètre – visible dès lors qu’on approche son œil assez près. Petit plus, le posemètre dispose de deux marques, +1 et – 1, qui servent de repères pour la correction d’exposition !

Le bouton supérieur permet d’y visser un déclencheur souple, et enfin un bouton sous la semelle permet de déverrouiller l’objectif pour le rentrer ou le déplier.

La prise en main est facilitée par le fait que, bien que compact, l’appareil dispose de grandes surfaces par lesquelles le maintenir. Un butoir sous la cellule et le viseur éviteront même les mauvaises manipulations. Dommage par contre qu’il n’y ait pas de rappel de vitesse, ouverture ou mise au point dans le viseur : le réticule est immense et aurait bien pu donner un peu d’espace pour les accueillir.

Enfin, le poids de la bête donne tout de suite le la : avec 700g, vous êtes loin de ses cousins en plastique cheap.

Le problème 126

Toutes ces spécifications sont attrayantes, mais il y a un hic et pas des moindres : l’Instamatic 500 utilise des cartouches de film au format 126 qui ne sont plus du tout produites.

Pour ceux qui ne sont pas familier avec ce format, il s’agit de petites  boîtes en plastique qu’il suffisait d’insérer dans l’appareil et qui avaient l’avantage d’être très simples d’utilisation, mais qui ont tout de même été supplantées par le format 135 plus courant. Aujourd’hui, les possibilités sont limitées.

Le « Fakmatic » permet de recharger du film 35mm dans une cassette réutilisable, mais il faut être habile et disposer d’une chambre noire ou d’un manchon de chargement. Dans ce cas, il faudra faire avec les perforations du film qui viendront peupler le haut de votre image. De plus, l’Instamatic 500 ne permettant pas la sélection de la sensibilité, je ne suis pas certain du résultat.

Quelques notes d’espoir subsistent quant à la réintroduction d’un film au format 126 sur le marché, via le renouveau de Ferrania ou l’initiative française (cocorico !) Project126. Mais rien d’immédiat.

L’appareil est donc resté sur son étagère quelques temps, mais le jour où mon fil Twitter m’a laissé entrevoir une proposition.

…je n’ai pas hésité ! Expirée en octobre 2004, cette cartouche avait fort heureusement conservé toutes ses qualités et a permis de tester l’Instamatic 500 dans tout son potentiel.

Et le résultat est à la hauteur ! J’ai utilisé un télémètre monté sur la griffe flash afin de tester l’optique à sa plus grande ouverture et l’image produite est superbe.

N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Kodak Instamatic 500, et pensez à partager vos clichés pris avec cet appareil en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !

En savoir plus

J’ai mis à disposition un petit article connexe concernant l’utilisation et la réparation de l’Instamatic 500, n’hésitez pas à le consulter.

Notes d’utilisation et de réparations pour Instamatic 500

En marge de mon article autour de la découverte du Kodak Instamatic 500, voici quelques notes d’utilisation et de réparation.

En effet, les instructions pour le démontage/réglage de l’Instamatic 500 ne sont pas légion sur le web, et j’ai cru bon de faire part ici de quelques informations utiles.

Sélection de la sensibilité

L’Instamatic 500 ne dispose pas de sélecteur de sensibilité car c’est un palpeur qui vient se positionner en haut de la cartouche quand vous refermez la porte qui détermine automatiquement la sensibilité à appliquer.

Je n’ai pas trouvé de documentation précise sur la position du palpeur, il faudra vous fier à votre cartouche (et le film pour lequel elle était prévue au départ si vous la rechargez).

Étanchéité

Notez que, comme la plupart des appareils utilisant le format 126, l’Instamatic 500 ne nécessite pas de remplacement des mousses d’étanchéité à la lumière. Celles-ci sont inexistantes, puisque la cartouche elle-même exerce cette étanchéité. Faites quand même attention si vous rechargez du film 35mm dans une cartouche usagée : la fenêtre arrière laissera passer la lumière, n’oubliez donc pas le papier protecteur !

Fixation de la façade en plastique

Les façades en plastique de l’Instamatic 500 peuvent sembler parfois un peu branlantes : c’est parce que leurs vis de maintien ont tendance à lâcher prise avec l’oxydation.

Ces vis se trouvent sous la cuirette avant qui est très facile à décoller, et parfois se recolle parfaitement sans ajout d’adhésif. Insérez simplement un fin cutter au niveau d’un coin, puis tirez doucement pour décoller. Les vis sont en laiton noirci : elles peuvent parfois être oxydées et cela fait une bosse peu esthétique. Profitez-en pour les nettoyer. Vous pouvez ensuite les resserrer sans trop forcer, pour ne pas casser le plastique.

Je n’ai pas poussé plus loin, mais la logique voudrait qu’ôter ces vis, puis la façade en plastique, vous donnerait accès aux entrailles de l’appareil.

Réglage du posemètre

Si vous déshabillez votre Instamatic 500, vous trouverez également sous le viseur, une pastille en métal qui masque ce qui est probablement le réglage du posemètre. Je n’ai pas moi-même touché au réglage, je ne suis pas certain de la procédure à suivre, mais si votre exemplaire nécessite un ajustement, vous pourrez peut-être commencer par ici.

Avancer facilement avec du film 135

Le principal problème pour utiliser du film 135 dans un appareil Instamatic concerne l’avancement qui est régulé par des trous précisément positionnés sur le film. Avec l’Instamatic 500 il existe une astuce qui permettra d’avancer le film pile poil de la bonne longueur sans prendre de cliché noir intermédiaire.

Avec du film standard 35mm perforé, après une prise de vue, vous pouvez ensuite maintenir à nouveau le déclencheur appuyé tout en manoeuvrant le levier d’avancement : ce dernier poursuivra sa course jusqu’au bout sans s’arrêter. Relâchez ensuite le déclencheur, et effectuée une dernière poussée sur le levier pour terminer l’armement de l’obturateur. Vous êtes prêt pour la vue suivante !

Voilà, c’est bien maigre mais c’est déjà beaucoup plus que ce que j’avais pu trouver en me documentant par ailleurs. Si vous avez des questions plus précises, n’hésitez pas à les poser en commentaire, je pourrai approfondir le sujet.