Une bonne grosse année de confinement aura été nécessaire pour mettre en qualité les fiches de 166 appareils et 44 objectifs, effectuer les traductions pour offrir une navigation bilingue, et retoucher pas mal de photos un peu datées…
Si vous êtes toujours là, un peu de détails sur ce que vous y trouverez :
Une collection d’appareils photographiques, évidemment, mais pas que. Les fiches contiennent des informations techniques relatives à ces appareils, et des liens vers les références sur mon site ou sur celui de Sylvain Halgand Collection-Appareils.fr.
Une collection d’objectifs, accompagnant les appareils compatibles.
Une bibliographie d’ouvrages, généralement en français, qui m’ont aidé dans l’identification, et l’apprentissage des spécificités des appareils de la collection.
Une navigation poussée, permettant de passer d’un appareil à sa marque, de la marque aux objectifs, des objectifs aux appareils compatibles, etc., permise par les pouvoirs magiques de Omeka S.
Comme toute collection, ce catalogue sera en constante évolution. J’ai déjà 4 nouveautés à introduire bientôt, hautes en couleurs. C’est aussi un travail de recensement amateur, donc sujet à précautions : n’hésitez pas à me signaler les erreurs, ou à partager vos questions ici même en commentaire ou via mes réseaux sociaux.
Dans la gamme des appareils compacts à visée télémétrique et à objectif fixe, le haut du panier se distingue principalement par des optiques lumineuses. Les plus connus se trouvent chez Canon avec la série des Canonet, chez Minolta avec les Hi-Matic, ou encore chez Yashica avec les Electro 35, séries parmi lesquelles certains modèles peuvent ouvrir à f/1.7.
Dans les alternatives disponibles à ces bijoux subissant le poids de l’inflation (compter 150€ pour un Canonet QL17 en moyenne), on peut trouver un appareil Konica un peu moins connu : l’Auto S2.
Présentation
Le Konica Auto S2 est un appareil compact télémétrique fabriqué au Japon et vendu en France entre 1966 et 1968. Compact, il l’est à peu près par la taille, qui reste un peu au dessus de ses concurrents directs. Mais il ne l’est sûrement pas par le poids : 760 grammes sur la balance, aussi lourd qu’un reflex.
Cet encombrement et ce poids ne sont pas forcément synonyme de robustesse : l’impression de solidité est vite balayée par le maintien douteux du bloc optique. L’objectif bouge lorsqu’on le manipule, il semble mal vissé, mais cela est en fait une maladie commune aux exemplaires de ce modèle.
Alors s’il est lourd et un peu mal construit, que nous propose Konica pour rendre cet appareil un peu spécial ?
Un tank haut de gamme
Sa taille au dessus de la moyenne lui offre tout d’abord une bonne prise en main. L’espace autour de l’objectif permet de maintenir fermement le boîtier des deux mains, la mise au point se faisant du bout du doigt du côté gauche. Tenu ainsi, son poids se fait temporairement oublier.
Le bloc optique supporte l’équipement le plus notable : l’objectif Hexanon de 46mm qui ouvre grand, très grand, à f/1.8. Si cette ouverture était assez commune dans les « kits » reflex à objectif interchangeables de l’époque, une telle offre optique était alors le top premium sur des compacts. La réputation du Hexanon, une formule à 6 lentilles en 4 groupes, le précède.
L’objectif Hexanon de 46mm ouvre grand, à f/1.8
L’obturateur est un Copal SVA performant jusqu’au 1/500ème de seconde. Les vitesses lentes sont également possibles jusqu’à 1 seconde de pose. Le tout est piloté de deux manières : en priorité vitesse, grâce à une cellule CdS alimentée par une pile type PX625, soit en débrayant totalement l’automatisme pour bénéficier de réglages manuels. Dans ce dernier cas la cellule reste indicative.
La visée avec le Auto S2 est très claire. Même dans une légère pénombre j’ai réussi à faire coïncider les images du télémètre. Indice supplémentaire du luxe de l’appareil : la parallaxe est automatiquement corrigée par un mouvement du cadre dans le viseur en fonction de la distance de mise au point sélectionnée. Enfin, si l’affichage principal de la cellule se trouve sur le dessus du boîtier, le même indicateur est reporté par un jeu de miroirs au dessus du viseur. Une aiguille oscille ainsi entre les différentes ouvertures sélectionnées en fonction de la vitesse. Il n’y a plus qu’à prendre la photo !
Dans le registre des quelques défauts de l’appareil, on peut déplorer que le Konica Auto S2 n’est pas pensé pour les binoclards comme moi : il faut absolument coller son œil sur le viseur pour distinguer l’ensemble des indications de visée.
De même, en mode manuel, les gros doigts auront du mal à sélectionner une ouverture sans dans le même temps modifier la mise au point. Enfin, un rappel visuel de la vitesse sélectionnée aurait été bienvenu. On peut facilement sélectionner une vitesse lente sans réelle alerte, et alors attention au flou de bouger !
Sur la table d’opération
Je n’ai pas commencé à utiliser le Konica Auto S2 dès son acquisition. À son arrivée, le patient était gravement malade : beaucoup de poussière partout (et encore maintenant…), des lentilles à nettoyer, pas d’image télémétrique dans le viseur, et les lamelles du diaphragme désespérément bloquées… La table d’opération était inévitable.
Le retrait du capot est très simple : sans vis, il est retenu par le levier d’avancement, la base du déclencheur, et la manivelle de rembobinage, qui se retirent tous en dévissant simplement à la main ou avec un outil à friction.
Le retrait du capot est très simple : sans vis.
Le miroir du télémètre, décollé, se baladait librement dans la chambre du viseur. Il s’agit d’un miroir argenté en surface. Un recollage à la colle UV, solution rapide et fiable, a donc été possible. Le réglage s’effectue ensuite, capot remonté, en utilisant les trous à cet effet placés sous la griffe porte accessoire.
Le démontage du bloc optique par l’avant, assez simple lui aussi, permet de nettoyer proprement les graisses figées et les lentilles. Par l’arrière, l’accès est plus exigu, mais nécessaire pour nettoyer le dernier bloc optique. Il est possible de réaliser ces travaux sans déconnecter les fils de la cellule, en les manipulant avec précaution.
Pour faire revivre le diaphragme, quelques gouttes d’essence C délicatement déposées à l’aide une seringue, puis quelques mouvements du mécanisme, cela répété à quatre ou cinq reprises, auront eu raison du blocage. L’obturateur Copal SVA est très robuste et les vitesses étaient justes malgré l’âge.
Surprise ! Le posemètre est un module Sekonic !
Surprise ! Sous le capot, le posemètre affiche sa marque, et pas n’importe laquelle : il s’agit d’un module Sekonic. Il fonctionne avec une pile PX625 au mercure : si vous suivez ce blog vous connaissez sa remplaçante de prédilection, la PR77 autour de laquelle vous insérerez une rondelle pour le contact. Mais encore mieux : une lecture du posemètre avec une simple pile 625A donne des résultats tout à fait justes.
Le patient sorti de réanimation, il ne manque plus qu’à insérer une pellicule Ilford HP5 et visser un filtre jaune ou orange de 55mm, et on est parti.
Le Konica Auto S2 en pratique
À l’usage, le poids de l’appareil est vite effacé par sa maniabilité. Le télémètre bien clair facilite la mise au point. L’obturateur est relativement discret, mais malheureusement l’avancement du film l’est beaucoup moins. Tant pis pour la discrétion !
La cellule est placée juste au dessus de l’objectif, et permet l’usage de filtres colorés. La grande ouverture permet de saisir des clichés en intérieur sans trop de problème. Et au final, l’objectif Hexanon produit de très belles images !
N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Konica Auto S2, et pensez à partager vos clichés pris avec cet appareil en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !
En savoir plus
Pour mettre les mains dans le cambouis : voici un guide de réparation du Konica Auto S2.
Comme à l’accoutumée, la fiche de l’appareil sur le site de Sylvain Halgand Collection-Appareils.
Dans un précédent billet, je détaillai mes critères de sélection et mon choix final pour un logiciel utile de gestion de collection.
Je jetai ainsi mon dévolu sur Omeka, une solution open source et gratuite reconnue par les institutions académiques dans le monde entier (rien que ça). Le logiciel est développé par le Center for History and New Media de l’Université George Mason aux États-Unis, et est entre autres utilisé par plusieurs institutions françaises (universités, musées et bibliothèques principalement).
Tout cela était bien beau et partait d’une bonne intention, mais dans les faits… je n’ai jamais terminé de cataloguer et renseigner ma collection.
À l’époque, je déplorais un manque de dynamisme pour lier des objets dans la collection : je prenais l’exemple des objectifs dont il était impossible de lister les appareils compatibles et vice-versa. Également, je trouvais dommage de ne pouvoir forcer des listes de termes prédéfinis afin d’éviter les vocabulaires disparates.
Ajoutez à ça le combo perte de motivation, procrastination et distraction infinie de tous ces appareils sur ces étagères, et vous aurez compris pourquoi je n’ai pas poursuivi.
Sauf que tout ça a changé fin 2017, avec la sortie d’Omeka S…
Il est des expériences photographiques qui sont devenues si rares qu’elles appellent obligatoirement à être partagées. L’utilisation d’un appareil comme le Kodak Instamatic 500 en fait partie.
Pas d’aventure passionnante cette fois-ci concernant sa découverte. Sa réputation le précède, et je l’avais déjà évoqué il y a un an dans mon article 5 appareils vintage pour bien commencer votre collection (toujours d’actualité !). Mon spécimen m’a été généreusement offert par un visiteur du forum collection-appareils.fr.
Présentation
Le Kodak Instamatic 500 est donc un appareil qui adopte la compacité de la gamme Instamatic : 12,7cm de large pour 7cm de haut, et une épaisseur variant de 5cm avec l’objectif rentré, à 6cm lorsque ce dernier est déplié.
Sommet de la gamme fabriqué de 1963 (date de fabrication de mon spécimen si l’on en croit le numéro de série) à 1966, il est équipé d’un lumineux objectif Schneider Kreuznach Xenar 38mm f/2.8. Il s’agit d’une optique de type Tessar à 4 lentilles en 3 groupes qui, on le verra un peu plus tard, donne de très bons résultats en couleur.
Son obturateur est également très performant puisqu’il permet de monter au 1/500ème de seconde. Pas de vitesse lente sous les 1/30ème, mais une pose B.
La mise au point est manuelle et permet de se rapprocher aussi près que 70cm du sujet à photographier. Malheureusement, pas de télémètre intégré ni de visée reflex, il vous faudra estimer les distances.
Ce manque est largement rattrapé par l’ajout d’une cellule couplée à l’obturateur et au diaphragme, et pas n’importe laquelle car il s’agit d’un posemètre Gossen, arborant fièrement son patronyme sur la façade avant. Mais attention, vous ne trouverez pas sur l’Instamatic 500 de sélecteur de sensibilité.
Le viseur très clair affiche des repères de correction de parallaxe, ainsi que l’aiguille du posemètre – visible dès lors qu’on approche son œil assez près. Petit plus, le posemètre dispose de deux marques, +1 et – 1, qui servent de repères pour la correction d’exposition !
Le bouton supérieur permet d’y visser un déclencheur souple, et enfin un bouton sous la semelle permet de déverrouiller l’objectif pour le rentrer ou le déplier.
La prise en main est facilitée par le fait que, bien que compact, l’appareil dispose de grandes surfaces par lesquelles le maintenir. Un butoir sous la cellule et le viseur éviteront même les mauvaises manipulations. Dommage par contre qu’il n’y ait pas de rappel de vitesse, ouverture ou mise au point dans le viseur : le réticule est immense et aurait bien pu donner un peu d’espace pour les accueillir.
Enfin, le poids de la bête donne tout de suite le la : avec 700g, vous êtes loin de ses cousins en plastique cheap.
Le problème 126
Toutes ces spécifications sont attrayantes, mais il y a un hic et pas des moindres : l’Instamatic 500 utilise des cartouches de film au format 126 qui ne sont plus du tout produites.
Pour ceux qui ne sont pas familier avec ce format, il s’agit de petites boîtes en plastique qu’il suffisait d’insérer dans l’appareil et qui avaient l’avantage d’être très simples d’utilisation, mais qui ont tout de même été supplantées par le format 135 plus courant. Aujourd’hui, les possibilités sont limitées.
Le « Fakmatic » permet de recharger du film 35mm dans une cassette réutilisable, mais il faut être habile et disposer d’une chambre noire ou d’un manchon de chargement. Dans ce cas, il faudra faire avec les perforations du film qui viendront peupler le haut de votre image. De plus, l’Instamatic 500 ne permettant pas la sélection de la sensibilité, je ne suis pas certain du résultat.
Quelques notes d’espoir subsistent quant à la réintroduction d’un film au format 126 sur le marché, via le renouveau de Ferrania ou l’initiative française (cocorico !) Project126. Mais rien d’immédiat.
L’appareil est donc resté sur son étagère quelques temps, mais le jour où mon fil Twitter m’a laissé entrevoir une proposition.
…je n’ai pas hésité ! Expirée en octobre 2004, cette cartouche avait fort heureusement conservé toutes ses qualités et a permis de tester l’Instamatic 500 dans tout son potentiel.
Et le résultat est à la hauteur ! J’ai utilisé un télémètre monté sur la griffe flash afin de tester l’optique à sa plus grande ouverture et l’image produite est superbe.
N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Kodak Instamatic 500, et pensez à partager vos clichés pris avec cet appareil en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !
En effet, les instructions pour le démontage/réglage de l’Instamatic 500 ne sont pas légion sur le web, et j’ai cru bon de faire part ici de quelques informations utiles.
Sélection de la sensibilité
L’Instamatic 500 ne dispose pas de sélecteur de sensibilité car c’est un palpeur qui vient se positionner en haut de la cartouche quand vous refermez la porte qui détermine automatiquement la sensibilité à appliquer.
Je n’ai pas trouvé de documentation précise sur la position du palpeur, il faudra vous fier à votre cartouche (et le film pour lequel elle était prévue au départ si vous la rechargez).
Étanchéité
Notez que, comme la plupart des appareils utilisant le format 126, l’Instamatic 500 ne nécessite pas de remplacement des mousses d’étanchéité à la lumière. Celles-ci sont inexistantes, puisque la cartouche elle-même exerce cette étanchéité. Faites quand même attention si vous rechargez du film 35mm dans une cartouche usagée : la fenêtre arrière laissera passer la lumière, n’oubliez donc pas le papier protecteur !
Fixation de la façade en plastique
Les façades en plastique de l’Instamatic 500 peuvent sembler parfois un peu branlantes : c’est parce que leurs vis de maintien ont tendance à lâcher prise avec l’oxydation.
Ces vis se trouvent sous la cuirette avant qui est très facile à décoller, et parfois se recolle parfaitement sans ajout d’adhésif. Insérez simplement un fin cutter au niveau d’un coin, puis tirez doucement pour décoller. Les vis sont en laiton noirci : elles peuvent parfois être oxydées et cela fait une bosse peu esthétique. Profitez-en pour les nettoyer. Vous pouvez ensuite les resserrer sans trop forcer, pour ne pas casser le plastique.
Je n’ai pas poussé plus loin, mais la logique voudrait qu’ôter ces vis, puis la façade en plastique, vous donnerait accès aux entrailles de l’appareil.
Réglage du posemètre
Si vous déshabillez votre Instamatic 500, vous trouverez également sous le viseur, une pastille en métal qui masque ce qui est probablement le réglage du posemètre. Je n’ai pas moi-même touché au réglage, je ne suis pas certain de la procédure à suivre, mais si votre exemplaire nécessite un ajustement, vous pourrez peut-être commencer par ici.
Avancer facilement avec du film 135
Le principal problème pour utiliser du film 135 dans un appareil Instamatic concerne l’avancement qui est régulé par des trous précisément positionnés sur le film. Avec l’Instamatic 500 il existe une astuce qui permettra d’avancer le film pile poil de la bonne longueur sans prendre de cliché noir intermédiaire.
Avec du film standard 35mm perforé, après une prise de vue, vous pouvez ensuite maintenir à nouveau le déclencheur appuyé tout en manoeuvrant le levier d’avancement : ce dernier poursuivra sa course jusqu’au bout sans s’arrêter. Relâchez ensuite le déclencheur, et effectuée une dernière poussée sur le levier pour terminer l’armement de l’obturateur. Vous êtes prêt pour la vue suivante !
Voilà, c’est bien maigre mais c’est déjà beaucoup plus que ce que j’avais pu trouver en me documentant par ailleurs. Si vous avez des questions plus précises, n’hésitez pas à les poser en commentaire, je pourrai approfondir le sujet.
Les plus jolies découvertes tiennent souvent plutôt de la chance que d’un hypothétique flair. On les doit aussi parfois à une certaine envie de sortir des sentiers battus. C’est à Samois-sur-Seine, ville voisine, que j’ai poussé la ballade quelques rues au-delà du tumulte du vide grenier annuel, les bras chargés de vinyles de Django Reinhardt, jusqu’à un discret porche où un monsieur humble tenait son étal isolé.
Outre la présence d’un amusant Coronet Twelve dont la forme rondelette mettrait de bonne humeur le plus grincheux des collectionneurs, le fond du carton me semblait un peu trop bien accroché au trottoir. J’en sors en effet un étui de reflex, de bonne facture soit dit en passant, accompagné de sa petite poche à accessoires. Je dégrafe la pression de l’étui et… Bonne pioche !
Le détail mémorable : une massive étoile à quatre branches
J’avais eu l’occasion de croiser cette façade toute particulière dans d’antiques réclames de magazines des années 60. Impossible de la rater, et pour cause, les japonais de la Miranda Camera Company ont ajouté le détail qui rend leur appareil mémorable : une massive étoile à quatre branches orne le prisme de l’appareil. Difficile d’ailleurs de ne pas faire le rapprochement avec une calandre de voiture ancienne. Voici donc le Miranda Sensorex.
Présentation
Construit par la Miranda Camera Co. à partir de 1967, le Sensorex est un très gros reflex 24×36 à objectif interchangeable. Son poids semble aujourd’hui inconcevable : 758g… boîtier nu ! Comptez 978g avec l’objectif standard ! L’appareil offre une bonne prise en main avec beaucoup de surface pour poser ses doigts et soutenir fermement le poids du boîtier. Néanmoins, gare aux courbatures si vous tentez de l’emmener, lui et son bon kilo, en excursion pour la journée complète.
Le dessus du capot est étrangement sobre. Il manque quelque chose. On y trouve bien la roue de sélection des vitesses, qui s’échelonnent de la seconde jusqu’au 1/1000e, tout à fait performant pour l’époque. Elle permet également la sélection de la sensibilité du film de 25 à 1600 ASA. Sous la roue, le levier d’avancement du film permet avec une course très courte d’armer l’obturateur à rideaux et d’avancer rapidement au cliché suivant. Seuls autres éléments entre le levier et le prisme : un témoin d’armement et le compteur de vues.
Mais alors où se trouve le déclencheur ? Il est subtilement placé à l’avant, près de l’objectif, au dessus du levier de retardateur, un peu à la manière de ce qui se faisait déjà sur les Contax de Zeiss Ikon/Pentacon. On utilise alors le majeur pour déclencher, pendant que le pouce et l’index maintiennent fermement le carter supérieur. La prise en main est naturelle et efficace.
Où se trouve le déclencheur ? Il est subtilement placé à l’avant. La prise en main est naturelle et efficace.
Le côté main gauche est plus chargé. Sur le dessus, un simple levier de rembobinage surplombe l’interrupteur de la cellule intégrée. Le logement de la pile est situé à l’arrière du capot, bien accessible au dessus de la porte du dos. La pile est une PX625 au Mercure, que vous pourrez remplacer par une simple pile alcaline. Je n’ai exposé que du Noir et Blanc dans cet appareil, méfiez vous des erreurs exposition avec des émulsions plus sensibles.
Toujours à gauche, à l’avant, un sélecteur permet d’indiquer l’ouverture maximale de l’objectif monté, de f/1.4 à f/8. Il neutralise alors les plus grande ouverture dans la mesure de l’exposition qui s’effectue à travers l’objectif. Grand luxe, car c’est une fonctionnalité apparue sur les SLR seulement quatre ans plus tôt. Mieux encore, la mesure est pondérée : l’exposition est mesurée dans la moitié basse de l’image, les marques de la cellule sont visibles sur le miroir.
Robustesse et qualité
J’ai lu quelques commentaires négatifs concernant la fiabilité des appareils Miranda, et la qualité de leurs optiques. Oubliez ces commentaires. Ou alors ne les appliquez pas au Sensorex.
L’ensemble des assemblages respirent la maîtrise de production. Les boutons et leviers ne souffrent d’aucun jeu. Chaque manipulation nécessite un peu de force mais est toujours terriblement précise. Les feutrines utilisées ont survécu à 50 ans de stockage et le boîtier n’autorise aucune fuite de lumière.
J’ai lu des commentaires négatifs concernant la fiabilité des appareils Miranda. Oubliez-les.
Cet ensemble de constatations et son aspect massif en font un appareil qui transpire la robustesse et la précision. Seule l’optique de mon exemplaire avait perdu un peu de graisse sur une lentille. Aucun problème, l’objectif est de très bonne facture, simple d’accès, le nettoyage complet des entrailles a été rapide et sans bavure.
En synthèse, le Sensorex disposait à son époque, avec un peu d’avance, de tous les équipements des reflex manuels qui persisteront jusqu’à plusieurs décennies plus tard. À titre de comparaison, le Praktica MTL3 qui naîtra 10 ans plus tard partagera encore les mêmes fonctionnalités, avec quelques grammes en moins.
Néanmoins, le Miranda Sensorex n’est pas uniquement un très bon reflex d’époque. Il cache encore quelques tours dans son sac. Alors quelles sont ses spécificités qui en font un objet unique ?
Ingéniosité
Les japonais de Miranda n’ont pas seulement pensé un très bon reflex moderne, ils ont créé un vrai système modulaire.
À commencer par le prisme qui est interchangeable. Un simple poussoir permet de débloquer l’ensemble du bloc supérieur qui glisse alors vers l’arrière. Sous la calandre étoilée, il ne reste alors plus que le dépoli de visée muni de ses microprismes.
Le prisme standard permet simplement la visée à hauteur d’oeil. Très clair, il ne contient que des informations sur l’exposition. Avec l’objectif Miranda Auto 50mm f/1.8, le facteur d’agrandissement étant de 0.92X, on peut tout à fait composer avec les deux yeux ouverts. Mais il existe différentes situations où un système de visée alternatif peut faire la différence. Ainsi, deux prismes supplémentaires étaient disponibles en option.
Avec l’objectif standard, le facteur d’agrandissement est de 0.92X : on peut composer avec les deux yeux ouverts.
Le premier permettait la visée de poitrine, encore à la mode à la sortie de l’appareil. La visée haute permet de saisir des clichés dans des situations où il est difficile de placer l’œil au niveau du boîtier. Elle permet également parfois d’être plus discret lors de la prise de vue.
Le second prisme en option fournissait deux types d’agrandissement : le centre de l’image pouvait être agrandi 15 fois pour faire une mise au point ultra précise. Ou bien l’ensemble de la visée pouvait être agrandie 5 fois pour avoir une meilleure vision de la mise au point globale. C’est en macrophotographie ou en microphotographie (couplé à un microscope) que ce prisme a tout son intérêt.
Le plus surprenant concerne la monture. Sur le Sensorex, elle est double ! L’extérieur est une baïonnette spécifique aux appareils Miranda. Et l’intérieur de la monture contient un filetage au format M44 (44mm). Il s’agit en fait d’assurer la rétro-compatibilité avec les objectifs Miranda plus anciens qui disposaient de cette monture à vis, une idée maline pour fidéliser les clients.
La monture Miranda : une idée doublement maline !
Mais le coup de génie est encore ailleurs. Le design a été soigneusement étudié, l’écartement entre la monture et le plan film a été réduit au minimum, le diamètre de la monture a été pensé le plus large possible. Tout ça pour permettre d’y adapter la plupart des objectifs concurrents de l’époque : M42 (filetage 42mm comme le Tair-11A), Exakta, Topcon, Leica, Canon, Contax, Nikon ! Moyennant l’adaptateur Miranda correspondant (le manuel en liste sept), la mise au point à l’infini est conservée, sans lentille additionnelle. Le rêve !
À l’oeuvre
Alors le Sensorex est très beau, quoi qu’un peu lourd, il est bien équipé et promet une grande adaptabilité. Mais que vaut-il à l’oeuvre ? Le voilà monté avec l’objectif standard Auto Miranda 50mm f/1.8. Quelles sont ses performances ?
Formidables. S’il est sujet à un peu de vignettage dans les larges ouvertures, l’objectif Miranda est d’un très bon piqué même dans les angles, dès qu’il est fermé en dessous de f/2.0. Les grandes ouvertures permettent de profiter d’un bokeh très doux, avec une tendance à tourbillonner (comme dans la photo du serveur parisien).
J’ai promené l’appareil chargé d’une pellicule Ilford FP4, j’ai gagné un bon massage de l’épaule et ces magnifiques résultats.
N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Miranda Sensorex, et pensez à partager vos clichés pris avec cet appareil en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !
C’est une opportunité qui ne se présente pas tous les jours, même si l’objet n’est pas tout à fait rarissime : j’ai eu l’occasion de tenir entre mes mains et d’utiliser durant une petite journée ensoleillée ce très bel objectif, un Tair-11A 135mm f/2.8 de KMZ.
Datant des années 1970, ce téléobjectif est en monture à vis 42mm. La mise au point est possible dès 1m20, et la plage d’ouverture oscille entre f/2.8 et f/22.
Il s’agit d’une focale assez courante, 135mm est idéal pour des portraits qui restituent fidèlement les traits du visage. L’ouverture est sur le haut du panier mais pas exceptionnelle. La marque KMZ est populaire, d’origine soviétique, et à l’origine des reflex Zenit avec lesquels l’objectif était probablement proposé. Rien d’extravagant à première vue. Pour percevoir l’originalité de cet objectif, il faut le regarder d’un peu plus près.
C’est d’abord un gros caillou très lourd (600g !) qui respire la robustesse et la solidité. Il est mécaniquement extrêmement simple et d’autant moins enclin aux défaillances techniques. Il n’y a aucun automatisme : pas d’autofocus évidemment, mais pas non plus de présélection automatique de l’ouverture, on en reparlera plus bas.
Puis, en regardant encore plus près, à l’intérieur de la bête, on compte les lamelles du diaphragme : une, deux, trois… neuf, dix… quatorze, quinze… dix-huit, dix-neuf, VINGT ! D’un bout à l’autre de l’échelle des ouvertures, le diaphragme forme un cercle presque parfait. Cela augure de très jolis flous d’arrière plans.
On compte les lamelles du diaphragme : une, deux, trois… neuf, dix… quatorze, quinze… dix-huit, dix-neuf, VINGT !
Dépourvu de la présélection automatique, ce mécanisme qui maintient le diaphragme ouvert pour la visée et le ferme en une fraction de seconde à la prise de vue, le Tair-11A offre cependant une présélection manuelle. Il faut choisir son ouverture avant la composition au moyen d’une première bague. Dans un deuxième temps le photographe fait sa mise au point et sa composition. Au moment de la prise de vue, il faut fermer le diaphragme manuellement à l’aide d’une deuxième bague dont la butée a été sélectionnée à la première étape. Clic, clac, et on recommence. Fastidieux !
Après quelques temps de prise en main, j’ai réussi à l’utiliser correctement avec un tout aussi solide Pentacon Praktica MTL3, son cousin issu de l’autre côté du rideau de fer. Voici le résultat.
Vous pourrez trouver sur eBay des Tair-11A entre 100 et 150€. Leur robustesse leur évite les problèmes techniques graves, et ils sont particulièrement simples d’entretien.
Un grand merci à tatou_de_baudoin pour m’avoir laissé tester cet objectif. N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Tair-11A, et pensez à partager vos clichés pris avec cet objectif en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !
Trouvé dans un vide grenier l’année dernière, ce box Kodak Six-20 Brownie Target était dans un état peu flatteur. Du moins sur sa façade, car le mécanisme, la cuirette et la poignée étaient dans une forme raisonnable. Vue de devant, les dégâts étaient multiples, mais uniquement esthétique : la rouille avait rongé une grande partie du métal, soulevant quasiment la totalité de la laque noire.
Était-ce raisonnable de dépenser autant d’énergie et de temps sur un box aussi commun ? Peut-être pas, mais c’est la passion qui a parlé. C’était également un bon entrainement, sans grand risque, qui m’a servi d’expérience pour d’autres restaurations à venir sur des appareils plus vénérables.
Voici donc comment j’ai restauré cet appareil Kodak, étape par étape.
Démontage
Le démontage de ce box se limite au retrait de la face avant, ici recouverte de cuirette noire. Pour info, la manoeuvre sera similaire sur des Kodak SIx-20 Brownie Junior (façade art déco en métal). Cette façade est maintenue par 4 vis dans les coins de la façade (entourées en rouge). Elle est également bloquée par le levier de sélection de pose (rond vert).
Il m’a fallu pour l’extraire retirer les 4 vis, puis aplatir cette tirette à l’aide de deux pinces et d’un linge protecteur pour éviter toute rayure. C’est beaucoup plus facile que ça en a l’air, et cette méthode vaudra également pour d’autres box Kodak (le Beau Brownie, par exemple).
Décapage
Me voilà avec l’accès aux entrailles de l’appareil !
Première grande manœuvre, il a fallu faire tomber la peinture noire résiduelle. On ne peut pas peindre par dessus, cela serait très inesthétique. De plus, la nouvelle peinture ne tiendrait pas et s’écaillerait à nouveau rapidement.
Sur mon modèle, le simple passage d’un outil en bois (un pic à brochette en bambou) a suffi à dégager l’ensemble de la peinture. Il faut être assez patient, et les petites écailles récalcitrantes pourront être éliminées lors de l’étape suivante, le ponçage.
Notez : les contours des viseurs étaient encore corrects, j’ai préféré les laisser tels quels.
Ponçage
Une fois la peinture retirée, c’est la rouille de la façade qu’il fallait éliminer. Ici, l’oxydation était généralisée mais pas trop épaisse. Un simple papier abrasif, au grain fin (180), a suffi à faire réapparaitre l’acier brut. Dans les endroits peu accessibles, il a fallu faire glisser le papier, plié, avec un outil fin : un petit tournevis ou un cure-dent.
Sur des surfaces plus grandes, on pourrait également travailler à la laine d’acier. Attention à utiliser des gants pendant l’opération.
Nettoyage
Il est temps de dépoussiérer et de nettoyer les miroirs et viseurs. Mon propre appareil avait un miroir désolidarisé qu’il a fallu recoller une fois la peinture terminée.
Toute la poussière créée par le ponçage a été soigneusement essuyée puis soufflée (à la poire) pour éviter de l’emprisonner sous la peinture.
Préparation à la peinture
C’est le passage indispensable ! Il faut protéger toutes les parties qui ne doivent pas être peintes, et en particulier les lentilles et miroirs de l’appareil. Sans ça, le box deviendrait inutilisable.
Bien entendu, je n’ai travaillé qu’avec le corps métallique, laissant la boîte en carton de côté.
Pour protéger le reste, j’ai utilisé de l’adhésif de masquage de bonne qualité. Lorsque nécessaire, j’ai découpé des formes, par exemple pour couvrir les viseurs (dépolis et parties métalliques) avec un rectangle d’adhésif au bon format, ajusté pour passer dans l’encoche sous-jacente.
Pour protéger de plus grandes surfaces, j’ai utilisé un bouclier en papier : un morceau de feuille A4 a protégé l’ensemble des parties internes du Brownie Target : mécanisme, lentille, miroirs, etc., et d’autres feuilles ont protégé l’extérieur du corps métallique.
Enfin, j’ai choisi de protéger le filetage des trous qui reçoivent les vis de façade : cette visserie étant quasiment centenaire, il vallait mieux la préserver et ne pas à avoir à forcer lors du remontage.
Le plus long est fait ! Restait à positionner l’appareil ainsi protégé sur un (grand) carton pour protéger les murs et sols, et la partie fun allait pouvoir commencer.
Application de la peinture
Pour obtenir une nouvelle laque lisse et sans aspérité, j’ai opté pour une peinture en aérosol couleur noir brillant, achetée chez Cultura. Pensez à tester votre aérosol avant toute autre opération : vous pré-agiterez la peinture, vous confirmerez ainsi la bonne distance d’application, vous vérifierez si la couleur vous convient bien, et vous saurez tout de suite s’il y a un défaut (une buse qui reste coincée en position appuyée, par exemple… vécu !).
L’application se fait en général en plusieurs fois : plusieurs angles d’approche, et plusieurs couches. Il est généralement difficile de trouver une manière de poser l’appareil qui donne accès à toute la surface à peindre. Mais dans le cas de ce Brownie, il a suffi de poser l’appareil sur le dos, et de tourner autour avec la bombe.
On maintient la bombe à 20-30cm de la surface, on effectue des passages régulier et rapides. On ne projette surtout pas plus d’une seconde sur un même endroit ! C’est la dégoulinade assurée, la cata, tout à refaire ! 😮
Il faut faire juste assez de passages pour appliquer une première couche sur l’ensemble de la surface. Les manques apparents seront recouverts par la suite lors des deuxièmes et troisièmes, voire quatrièmes couches.
Le temps de séchage entre deux couches était d’au moins une heure pour la peinture utilisée sur cet appareil. Vérifiez sur la vôtre les préconisations. Et n’y mettez pas vos doigts avant d’avoir laissé au moins reposer 24 voire 48 heures. La surface peut paraître sèche, mais en profondeur c’est encore souple et vous risquez, comme moi, d’y laisser votre empreinte (digitale, littéralement).
Remontage
Une fois la peinture sèche, j’ai décollé les adhésifs en les tirant à 45° de la surface pour éviter d’arracher la peinture. Pour les petites pièces, vous pouvez vous aider d’une pince à épiler. Évitez les cutters qui glissent et vous rayent votre belle laque toute neuve.
Le remontage était assez simple, en sens inverse du démontage : j’ai réinséré la tirette dans sa fente et repositionné la façade. Je l’ai vissée en place, puis rendu sa forme initiale à la tirette à l’aide des deux mêmes pinces. Enfin, j’ai replacé le dos de l’appareil. Et j’ai enfin pu observer avec satisfaction mon Kodak Six-20 Brownie Target comme neuf !
Conclusion
Quelques remarques en conclusion :
Cette restauration a eu lieu il y a plusieurs mois déjà, je souhaitais voir si la peinture tenait dans le temps. C’est le cas, je suis donc très heureux du résultat.
Ce que je ne referai pas : mettre mes doigts sur la peinture ! Je suis le seul à voir le défaut que j’ai créé, mais je ne voie plus que ça… 🙁
Ce que je referai : la peinture en aérosol est tout à fait adaptée à l’ouvrage. J’essaierai sur un prochain appareil la version noir mat pour l’intérieur des appareils.
Si vous avez des conseils pour compléter ce guide, ou des questions pour effectuer votre propre restauration, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou à me contacter directement sur Twitter ou Instagram.
C’est le printemps, et la saison des vides-greniers a commencé ! Le mois dernier a été l’occasion de tomber sur un reflex Olympus OM10 en excellent état, équipe du standard Zuiko 50mm f/1.8.
Un rapide remplacement des mousses, deux piles PR44 que l’on ne présente plus (cf. Polaroid et Ricoh), et hop ! Nous sommes partis pour une ballade avec dans le ventre une pellicule Kodak HD200 périmée depuis belle lurette.
En attendant une vraie présentation de l’appareil, voici une sélection de résultats plutôt satisfaisants. En attendant une Ilford FP4 Plus en cours de développement, et un peu de bricolage autour d’un petit joyau trouvé dimanche dernier (oui, je tease).
Le hasard fait bien les choses. Il a mis sur mon passage, un beau matin de vide grenier dans le 91, un petit appareil qui s’avère être un télémétrique très sérieux : le Ricoh 500GX. Et depuis, c’est l’amour fou !
Présentation
Vendu entre 1976 et 1980, le 500GX est un appareil très compact et robuste, en métal. Son poids raisonnable de 420 grammes permet une bonne prise en main, tandis que sa taille de guêpe lui assure une bonne transportabilité et permet de le ranger dans une grande poche de manteau. Mon exemplaire est tout de noir vêtu, mais Ricoh a vendu également une version chromée plus courante.
Il est équipé d’un objectif Color Rikenon ouvrant à f/2.8 et d’une focale à tout faire de 40mm, assez polyvalente, même si je la rêverais un peu plus courte encore pour la photo de rue. La mise au point est télémétrique et permet de s’approcher des sujets jusqu’à 90cm.
L’automatisme priorité vitesse du Ricoh 500GX est débrayable, et l’appareil est utilisable en mode totalement manuel
L’obturateur supporte des vitesses allant du 8ème de seconde à un confortable 1/500ème qui permet de profiter de l’ouverture maximale. Les longues expositions sont possibles à l’aide d’une pose B. La synchronisation flash, elle, se fait à toutes les vitesses. Les choses sérieuses commencent lorsqu’on s’attarde sur l’automatisme : le fonctionnement par défaut est un mode avec priorité à la vitesse, très pratique à l’usage. L’ouverture alors sélectionnée est indiquée dans le viseur par l’aiguille de la cellule, laquelle est située au dessus de l’objectif et sous les éventuels filtres. Mais surtout ce mécanisme est débrayable et le Ricoh 500GX est alors utilisable en mode totalement manuel.
Le viseur offre une image de télémètre claire mais riquiqui. Sur le côté droit du viseur, l’aiguille de la cellule oscille sur la liste des différentes ouvertures. Une pression légère sur le déclencheur permet de verrouiller l’exposition pour cadrer ensuite différemment. Bon point, la sur-exposition ou la sous-exposition ne bloquent pas la prise de vue, comme le ferait un New Canonet 28. Dommage par contre que l’objectif prenne une si grande place dans le viseur !
Une ergonomie torturée
Dans notre viseur, en mode manuel, un petit « M » vient nous rappeler que l’automatisme est débrayé. Par contre, rien n’indique dans ce cas l’ouverture sélectionnée. D’ailleurs, que ce soit en manuel ou en automatique, le 500GX n’offre aucun rappel de la vitesse : il faut être consciencieux pour ne pas sélectionner les vitesses lentes par mégarde. Et cela augure en fait toutes les curiosités ergonomiques de cet appareil.
Dans mon précédent article à propos du Nikon F-501 AF, je découvrais les évolutions des autofocus modernes. Beaucoup plus fondamentalement ici, alors que des appareils télémétriques grand publics, tels que le Canon P, avaient déjà fait preuve de prouesses de design, le 500GX peine à intégrer les éléments accessoires dans un boîtier toujours plus petit. Cela reflète l’avancée à tâtons de l’intégration des équipements électroniques et des mécanismes plus créatifs.
Le 500GX est donc à la base une petite brique bien régulière, sur laquelle un designer fou est venu poser çà et là, un peu comme bon lui semble, ses multiples leviers et boutons.
Un designer fou est venu poser çà et là, un peu comme bon lui semble, ses multiples leviers et boutons
Le déclencheur, tout d’abord, a une course assez longue. Le bouton ressemble d’ailleurs à l’embout d’un déclencheur souple qu’on aurait greffé sur ce petit compact. Soit, pourquoi pas ? Mais la protubérance créée devient assez gênante lorsqu’il s’agit de ranger l’appareil : le déclenchement par erreur est assuré durant le transport !
Pour contourner ce problème, né avec l’itération précédente du compact, les designers introduisirent un levier de blocage que l’utilisateur doit pivoter à l’horizontal à 45 degrés pour mettre l’appareil en batterie. Malheureusement, sans rappel de ce blocage dans le viseur, vous pesterez comme moi de nombreuses fois lorsque ce levier infernal vous fera manquer la photo de l’année.
Enfin, pour compléter le design du capot, une petite verrue rouge permet de tester la batterie. D’ailleurs vous ne risquerez pas de la manquer puisqu’il a été jugé indispensable d’y adjoindre un panneau géant lisant en grosses majuscules d’imprimerie « BATT CHECKER ». Discret.
Parce que tout n’est pas noir au tableau, notez la bonne idée d’ajouter deux indicateurs visuels rouge/vert qui permettent de savoir d’un coup d’oeil si une pellicule est chargée dans l’appareil (à côté de la molette de rembobinage) et si l’obturateur est armé (à côté du levier d’armement).
Nouveauté par rapport à ses prédécesseurs, le 500GX apporte un mécanisme de multi-exposition. Si la bonne idée a été de le découpler totalement de l’armement normal, était-ce nécessaire de le placer si loin du reste des commandes, à l’opposé total ? Et puisque ce bouton glissoir est déjà assez inaccessible, était-ce bien raisonnable de le coupler à encore un autre type de bouton, rond, que l’on doit écraser et faire pivoter du bout du doigt pour débloquer le précédent ? Bon, soyez rassuré, M. le designer, l’utilisateur le plus maladroit ne court plus aucun risque d’activer l’exposition multiple par erreur…
Et pourtant je l’aime
Malgré tous ces défauts, le petit Ricoh sait se faire aimer.
Il est facile à mettre en œuvre : utilisez pour lui donner vie les piles PR44, les mêmes que je conseillais dans les Polaroids type 100. Mais en l’absence de pile, le mode manuel est totalement effectif, seule la cellule sera indisponible. En cas de besoin, le télémètre s’ajuste facilement depuis l’extérieur grâce à un petit cache rond amovible. N’espérez par contre pas rentrer facilement dans les entrailles dans la bête, laissez cette rude tâche aux professionnels.
Tous les écueils cités plus haut ne pourront être évités et oubliés qu’à la suite d’un apprentissage complet par la pratique de l’usage de l’appareil. Et le Ricoh 500GX, avec sa capacité à être transporté partout, tout le temps, offre toutes les clés nécessaires à cette initiation. Et finalement ce travail sera récompensé par une excellente qualité de prise de vue.
Quelques photos
Cela va faire un an que je vadrouille avec le Ricoh 500GX. Vous trouverez ci-dessous des clichés pris dans tout un tas de situations, belle lumière ou ciel gris, plein soleil ou pénombre, etc., et avec des films divers : Kodak Ektar 100, Kodak Portra 400, Ilford HP5 400, et Ilford FP4 125.
N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Ricoh 500GX, et pensez à partager vos clichés pris avec cet appareil en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !