Un appareil – le Ricoh 500GX

Le hasard fait bien les choses. Il a mis sur mon passage, un beau matin de vide grenier dans le 91, un petit appareil qui s’avère être un télémétrique très sérieux : le Ricoh 500GX. Et depuis, c’est l’amour fou !

Présentation

Vendu entre 1976 et 1980, le 500GX est un appareil très compact et robuste, en métal. Son poids raisonnable de 420 grammes permet une bonne prise en main, tandis que sa taille de guêpe lui assure une bonne transportabilité et permet de le ranger dans une grande poche de manteau. Mon exemplaire est tout de noir vêtu, mais Ricoh a vendu également une version chromée plus courante.

Il est équipé d’un objectif Color Rikenon ouvrant à f/2.8 et d’une focale à tout faire de 40mm, assez polyvalente, même si je la rêverais un peu plus courte encore pour la photo de rue. La mise au point est télémétrique et permet de s’approcher des sujets jusqu’à 90cm.

L’automatisme priorité vitesse du Ricoh 500GX est débrayable, et l’appareil est utilisable en mode totalement manuel

L’obturateur supporte des vitesses allant du 8ème de seconde à un confortable 1/500ème qui permet de profiter de l’ouverture maximale. Les longues expositions sont possibles à l’aide d’une pose B. La synchronisation flash, elle, se fait à toutes les vitesses. Les choses sérieuses commencent lorsqu’on s’attarde sur l’automatisme : le fonctionnement par défaut est un mode avec priorité à la vitesse, très pratique à l’usage. L’ouverture alors sélectionnée est indiquée dans le viseur par l’aiguille de la cellule, laquelle est située au dessus de l’objectif et sous les éventuels filtres. Mais surtout ce mécanisme est débrayable et le Ricoh 500GX est alors utilisable en mode totalement manuel.

Le viseur offre une image de télémètre claire mais riquiqui. Sur le côté droit du viseur, l’aiguille de la cellule oscille sur la liste des différentes ouvertures. Une pression légère sur le déclencheur permet de verrouiller  l’exposition pour cadrer ensuite différemment.  Bon point, la sur-exposition ou la sous-exposition ne bloquent pas la prise de vue, comme le ferait un New Canonet 28.  Dommage par contre que l’objectif prenne une si grande place dans le viseur !

Une ergonomie torturée

Dans notre viseur, en mode manuel, un petit « M » vient nous rappeler que l’automatisme est débrayé. Par contre, rien n’indique dans ce cas l’ouverture sélectionnée. D’ailleurs, que ce soit en manuel ou en automatique, le 500GX n’offre aucun rappel de la vitesse : il faut être consciencieux pour ne pas sélectionner les vitesses lentes par mégarde. Et cela augure en fait toutes les curiosités ergonomiques de cet appareil.

Dans mon précédent article à propos du Nikon F-501 AF, je découvrais les évolutions des autofocus modernes. Beaucoup plus fondamentalement ici, alors que des appareils télémétriques grand publics, tels que le Canon P, avaient déjà fait preuve de prouesses de design, le 500GX peine à intégrer les éléments accessoires dans un boîtier toujours plus petit. Cela reflète l’avancée à tâtons de l’intégration des équipements électroniques et des mécanismes plus créatifs.

Le 500GX est donc à la base une petite brique bien régulière, sur laquelle un designer fou est venu poser çà et là, un peu comme bon lui semble, ses multiples leviers et boutons.

Un designer fou est venu poser çà et là, un peu comme bon lui semble, ses multiples leviers et boutons

Le déclencheur, tout d’abord, a une course assez longue. Le bouton ressemble d’ailleurs à l’embout d’un déclencheur souple qu’on aurait greffé sur ce petit compact. Soit, pourquoi pas ? Mais la protubérance créée devient assez gênante lorsqu’il s’agit de ranger l’appareil : le déclenchement par erreur est assuré durant le transport !

Pour contourner ce problème, né avec l’itération précédente du compact, les designers introduisirent un levier de blocage que l’utilisateur doit pivoter à l’horizontal à 45 degrés pour mettre l’appareil en batterie. Malheureusement, sans rappel de ce blocage dans le viseur, vous pesterez comme moi de nombreuses fois lorsque ce levier infernal vous fera manquer la photo de l’année.

Enfin, pour compléter le design du capot, une petite verrue rouge permet de tester la batterie. D’ailleurs vous ne risquerez pas de la manquer puisqu’il a été jugé indispensable d’y adjoindre un panneau géant lisant en grosses majuscules d’imprimerie « BATT CHECKER ». Discret.

Parce que tout n’est pas noir au tableau, notez la bonne idée d’ajouter deux indicateurs visuels rouge/vert qui permettent de savoir d’un coup d’oeil si une pellicule est chargée dans l’appareil (à côté de la molette de rembobinage) et si l’obturateur est armé (à côté du levier d’armement).

Nouveauté par rapport à ses prédécesseurs, le 500GX apporte un mécanisme de multi-exposition. Si la bonne idée a été de le découpler totalement de l’armement normal, était-ce nécessaire de le placer si loin du reste des commandes, à l’opposé total ? Et puisque ce bouton glissoir est déjà assez inaccessible, était-ce bien raisonnable de le coupler à encore un autre type de bouton, rond, que l’on doit écraser et faire pivoter du bout du doigt pour débloquer le précédent ? Bon, soyez rassuré, M. le designer, l’utilisateur le plus maladroit ne court plus aucun risque d’activer l’exposition multiple par erreur…

Et pourtant je l’aime

Malgré tous ces défauts, le petit Ricoh sait se faire aimer.

Il est facile à mettre en œuvre : utilisez pour lui donner vie les piles PR44, les mêmes que je conseillais dans les Polaroids type 100. Mais en l’absence de pile, le mode manuel est totalement effectif, seule la cellule sera indisponible. En cas de besoin, le télémètre s’ajuste facilement depuis l’extérieur grâce à un petit cache rond amovible. N’espérez par contre pas rentrer facilement dans les entrailles dans la bête, laissez cette rude tâche aux professionnels.

Tous les écueils cités plus haut ne pourront être évités et oubliés qu’à la suite d’un apprentissage complet par la pratique de l’usage de l’appareil. Et le Ricoh 500GX, avec sa capacité à être transporté partout, tout le temps, offre toutes les clés nécessaires à cette initiation. Et finalement ce travail sera récompensé par une excellente qualité de prise de vue.

Quelques photos

Cela va faire un an que je vadrouille avec le Ricoh 500GX. Vous trouverez ci-dessous des clichés pris dans tout un tas de situations, belle lumière ou ciel gris, plein soleil ou pénombre, etc., et avec des films divers : Kodak Ektar 100, Kodak Portra 400, Ilford HP5 400, et Ilford FP4 125.

N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur le Ricoh 500GX, et pensez à partager vos clichés pris avec cet appareil en me mentionnant sur Instagram. Bonne photo !

Plus d’infos

Auteur/autrice : Laurent

Trentenaire, apprenti collectionneur et bidouilleur photographique.

4 réflexions sur « Un appareil – le Ricoh 500GX »

  1. Bonsoir, je viens vers vous car vous laissez entendre que l’on peut régler le télémètre du 500 GX depuis l’extérieur de l’appareil. J’en ai acquis un il y a peu et j’aimerai savoir comment le régler. Pourriez-vous m’indiquer comment y accéder et la marche à suivre, svp ? Et si c’est bien évidemment faisable par un profane comme moi. Merci de votre compréhension. Cordialement, VM

    1. Bonjour VM, en tenant l’appareil dans vos mains vous verrez un petit bouchon en plastique noir à gauche du sabot de flash. En le retirant, il vous donnera accès à une vis qui permet de régler horizontalement le télémètre.
      La marche à suivre est généralement la suivante : en visant un objet à l’infini (typiquement un immeuble ou un paysage lointain) et en positionnant la bague des distances sur l’infini, faire tourner la vis par tout petit pas (30° d’angle par exemple) jusqu’à obtenir une image de cet immeuble parfaitement superposée au centre du viseur.

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